Dans sa revue Insee Première, publiée en mars 2015, l'Insee analyse les raisons qui poussent les ménages français à déménager d'une région à l'autre. Globalement, ces déménagements sont peu nombreux : entre 2001 et 2006, ils concernent 6% seulement de la population française âgée d'au moins 5 ans, soit 3,6 millions de personnes. "Sur cette même période, 11% de la population a changé de domicile au sein de la même commune, 12% dans une autre commune du même département et moins de 2% sont arrivés d'un pays étranger", précise l'Insee. Ces mouvements sont fortement liés au cycle de vie : études dans l'enseignement supérieur, recherche du premier emploi, mise en couple, naissance du premier enfant, retraite…
"Selon les âges, deux grandes destinations émergent", analyse l'Insee : l'Ile-de-France, qui attire surtout les jeunes (étudiants et actifs) et les façades maritimes qui attirent quasiment tous les autres âges (enfants suivant leurs parents, actifs dès 30 ans jusqu'aux retraités).
En Ile-de-France, cette attirance des jeunes étudiants et des jeunes actifs (entre 15 et 29 ans) tient surtout à la présence de nombreuses grandes écoles et d'universités et au dynamisme du marché du travail. Ces jeunes viennent aussi bien de régions proches que de régions éloignées. Le nombre de jeunes qui partent de cette région est en revanche assez faible. En conséquence, le solde migratoire est très largement bénéficiaire à ces âges. "Chaque année, la région gagne ainsi 8 habitants de cette tranche d'âge pour 1.000 au jeu des mobilités interrégionales", détaille la note. A l'inverse, l'Ile-de-France perd des habitants à tous les autres âges. Ceux-ci quittent la région pour rejoindre le plus souvent les régions du sud ou de l'ouest.
Ces régions de la façade maritime, sud et ouest, "présentent donc des flux d'arrivées importants à tous les âges, à l'exception des âges des études et de l'entrée dans la vie active", signale l'Insee. Le Languedoc-Roussillon gagne ainsi chaque année plus de dix habitants pour 1.000 présents dans la région chez les enfants de 5 à 14 ans, les personnes âgées de 30 à 59 ans et celles âgées de 60 à 74 ans. "Seule la région Midi-Pyrénées bénéficie d'un fort excédent des 15-29 ans, détaille toutefois la note, sans pour autant subir de déficit aux autres tranches d'âge." Mais dans ces régions, les populations qui s'installent profitent rarement d'une promotion sociale, la structure économique de ces territoires n'étant pas très favorable. Et l'influence parisienne se fait ressentir pour les 15-29 ans dans les régions les plus au nord (Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes).
La forte attractivité de l'Ile-de-France vis-à-vis des jeunes a aussi des conséquences sur les régions qui se situent tout autour d'elle. Ainsi, les régions qui forment le bassin parisien (Haute-Normandie, Basse-Normandie, Picardie, Champagne-Ardenne, Bourgogne, Centre) voient partir de nombreux jeunes en âge de faire des études supérieures ou d'entrer dans la vie active vers la région capitale… Mais parmi ces régions, deux zones se distinguent : une première, au nord du bassin parisien (Haute-Normandie, Picardie, Champagne-Ardenne), déficitaire à quasiment tous les âges, avec un marché du travail dégradé, et une seconde, au sud et à l'ouest du bassin parisien (Basse-Normandie, Centre et Bourgogne), qui enregistrent des départs encore plus nombreux de lycéens devenant étudiants, d'étudiants devenant actifs, ou d'autres actifs notamment les plus jeunes. "Les critères économiques semblent donc primordiaux pour expliquer les départs de ces jeunes", insiste la note. Pour cette catégorie de régions, au-delà de 30 ans, les entrées sont plus fortes principalement en provenance de l'Ile-de-France.
Le Limousin et le Languedoc-Roussillon bénéficient quant à elles de fortes mobilités, et cela quel que soit l'âge. Leur attractivité résidentielle explique principalement ces importants flux migratoires, notamment lors du passage à la retraite.
Enfin, au nord, à l'est et au sud-est (Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Rhône-Alpes), les migrations sont faibles en entrée comme en sortie, sauf en Rhône-Alpes qui est bénéficiaire pour toutes les tranches d'âge avant la retraite. Principale explication de ces faibles taux migratoires : la situation économique, qui favorise les départs. "A l'inverse, l'attractivité de ces régions, certes modeste, s'expliquerait davantage pour des motifs familiaux : beaucoup d'arrivées dans ces régions se font au moment de la naissance du premier enfant du couple", indique l'Insee.
L'Insee a également analysé le phénomène du "retour au pays". Dans ce domaine, c'est la région Nord-Pas-de-Calais qui remporte la palme. Dans cette région, un arrivant sur deux, contre trois sur dix au niveau national, la connaît déjà, soit parce qu'il y est né, soit parce qu'il y a résidé. Un retour au pays qui n'est pas lié à la retraite : neuf personnes sur dix qui reviennent sont âgées de moins de 60 ans…
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