L'AMRF signe un partenariat avec Airbnb, France urbaine trouve des "points d'accord" avec la platefo


Confrontée au très net recul des locations touristiques meublées dans les villes – dû à la crise sanitaire beaucoup plus qu'aux mesures prises par certaines communes comme Paris ou Cannes (voir notre article du 27 octobre 2020) –, Airbnb se tourne de plus en plus vers les zones rurales. En février 2019, la plateforme avait déjà signé un accord de partenariat avec l'Association des maires ruraux de France (AMRF), en vue de "développer le potentiel touristique des campagnes françaises" (voir notre article du 18 février 2019). Pour Vanik Berberian, le président de l'AMRF d'alors, il s'agissait d'encourager des "modes de consommation plus dispersés", grâce à des "ruraux qui savent valoriser leur patrimoine et leur sens de l'hospitalité pour en faire un atout pour leur territoire".

"La revanche des campagnes se poursuit et se confirme"

Deux ans plus tard, Airbnb annonce, dans un communiqué du 14 avril, la signature d'un nouveau partenariat avec l'AMRF, manifestement plus ambitieux que le précédent. L'objectif affiché est de développer "15.000 hébergements touristiques de qualité" dans les zones rurales d'ici à la fin de 2021, et de "libérer le potentiel touristique des communautés rurales dans toute la France". Ces 15.000 offres de locations meublées supplémentaires s'ajouteraient aux 50.000 offres actuelles en zone rurale (sur un total de 700.000 annonces en France). L'accord de partenariat surfe très clairement sur le désir de "retour au vert", exprimé par de nombreux Français face à la crise sanitaire et aux confinements à répétition.

Les locations Airbnb en zone rurale s'adressent en effet très majoritairement à une clientèle touristique française, contrairement à celle des grandes destinations touristiques nationales. Selon Emmanuel Marill, le patron d'Airbnb France, interviewé dans Le Parisien du 13 avril, "la revanche des campagnes, l'été dernier, se poursuit et se confirme". Il estime en effet que "le tourisme tricolore, longtemps concentré en Île-de-France, Rhône-Alpes et Paca, se disperse. Demain, le petit village de 300 habitants qui ne se situe ni à la montagne ni sur la côte, mais possède son charme, son histoire et son terroir, aura des hôtes qui proposeront leur ferme ou leur moulin. Et ces gens-là trouveront des voyageurs intéressés". L'impact n'est pas négligeable puisque, selon Airbnb, "la tendance croissante aux séjours à la campagne a créé de nouvelles opportunités de revenus pour les hôtes ruraux, qui ont gagné 450 millions d'euros depuis le début de la pandémie".

Création du fonds "Campagnes d'avenir"

Au-delà de cet objectif de 15.000 offres supplémentaires d'ici à la fin de l'année, l'accord de partenariat entre l'AMRF et Airbnb comporte aussi deux autres dispositions importantes. La première concerne le lancement du programme "Rural Bootcamp" par Airbnb (littéralement "camp d'entraînement rural"). Il s'agit en l'occurrence de "libérer le potentiel du tourisme rural", à travers un programme de formation en ligne destiné à aider les hôtes et les futurs hôtes à proposer une offre d'hébergement de qualité et développer ainsi leur activité sur Airbnb.

Seconde mesure, qui implique plus directement les communes rurales : le lancement du fonds "Campagnes d'avenir".  Ce fonds sera alimenté par Airbnb, qui l'abondera de 100 euros pour chaque nouvelle offre créée dans les communes rurales, soit un potentiel de 1,5 million d'euros si l'objectif de 15.000 nouvelles offres est atteint. Le fonds sera géré par l'AMRF et "permettra le financement de projets d'impact et de programmes de formation pour soutenir les communes rurales dans leur développement touristique". 

Michel Fournier, le président de l'AMRF, se dit "ravi de lancer ce nouveau programme conjoint avec Airbnb qui, nous en sommes convaincus, contribuera à créer de nouvelles opportunités économiques sur le long terme pour nos villages. Avec la création du fonds Campagnes d'avenir, un nouveau cercle vertueux nous permettra d'accueillir davantage de touristes en développant la capacité d'hébergement de nos communes et nous donnera plus de moyens pour  construire notre vision de long terme d'un tourisme rural de qualité, qui profite au plus grand nombre".

  • Deux points d'accord entre France urbaine et Airbnb

Hasard du calendrier ? Le jour même de l'annonce de l'accord de partenariat entre Airbnb et l'AMRF, France urbaine indique avoir "fait le point" avec Airbnb "sur les perspectives d'évolution du cadre réglementaire et des moyens de suivi et d'encadrement à disposition des collectivités". La rencontre, à l'initiative de la plateforme, a eu lieu le 13 avril et, dans son communiqué du lendemain, France urbaine "tient à saluer la qualité et la franchise des échanges avec Airbnb. Malgré des analyses et des préoccupations parfois divergentes, la rencontre a notamment permis de dégager deux principaux points d'accord entre l'association des grandes villes, agglomérations et métropoles, et la plateforme".

Le premier point d'accord concerne l'unification des informations transmises aux collectivités par les plateformes de location meublée. Celles-ci font actuellement l'objet de deux transmissions distinctes, portant respectivement sur les états déclaratifs accompagnant le reversement de taxe de séjour et sur les informations relatives aux logements loués (résidence principale ou secondaire, nombre de jours de location...). France urbaine et Airbnb préconisent donc un élargissement de l'outil "API meublés" (développé par la direction générale des entreprises) aux données relatives à la taxe de séjour, ce qui serait "de nature à clarifier les informations transmises par les plateformes et ainsi faciliter leur appropriation par les collectivités".

Le second point d'accord concerne la fiabilisation et l'harmonisation du numéro d'enregistrement, actuellement très instable dans la mesure où chaque modification, même minime, apportée à la déclaration emporte la délivrance d'un nouveau numéro. Or "cette instabilité complexifie le suivi réalisé par les collectivités et, le cas échéant, le contrôle effectué par les plateformes". France urbaine et Airbnb demandent donc une harmonisation nationale du numéro d'enregistrement, "qui pourrait par exemple être utilement remplacé par le numéro invariant du logement figurant dans les avis d'impôts directs locaux".  

Enfin, France urbaine a profité de la réunion pour présenter à Airbnb les propositions qu'il entend porter dans le débat public et intégrer dans les prochains textes de loi : possibilité de modulation (à la baisse) du plafond annuel de 120 jours de location pour les résidences principales, décorrélation du numéro d'enregistrement et de la procédure de changement d'usage, obligation de renseignement des numéros d'enregistrement par les hébergeurs ou encore augmentation de la fréquence de versement des données par les plateformes sur "API meublés" (aujourd'hui annuelle).  Sans surprise, et selon le communiqué de France urbaine, "Airbnb a déclaré ne pas partager dans l'immédiat ces propositions", mais s'est dite prête "à échanger et à apporter toutes les précisions nécessaires aux collectivités".

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