Net recul de la commande publique d'quipements sportifs en 2020


La commande publique d'équipements de sports et de loisirs a connu une mauvaise année 2020, tant en termes de volume que de chiffres d'affaires. C'est ce qui ressort d'une enquête de l’Union sport & cycle, première organisation professionnelle de la filière du sport et des loisirs, que Localtis a pu consulter.

Le recul en volume du nombre de marchés publics liés aux équipements sportifs et de loisir en France en 2020 est estimé à 39%. Le recul en valeur s'établit quant à lui à 25%. Pour l’Union sport & cycle, le marché est tombé en 2020 à "un plus bas historique". La valeur totale des marchés liés aux équipements sportifs et de loisirs s'élevait l'an passé à 1,6 milliard d'euros, un niveau jamais atteint depuis dix ans, très loin du plus haut historique de 2013, à 2,6 milliards.

L'effet "élections municipales"

Pourquoi un tel recul ? Nadine Rollet, directrice commerciale de Proludic et présidente de la commission des aménagements ludiques et sportifs de l’Union sport & cycle, avance une première explication, liée au fait que le couple commune/intercommunalité représente 75% des commanditaires : "On sait pertinemment que les années préélectorales sont plutôt de bonnes années pour la commande publique. Les élus sont dans leur dernière année de mandat et mettent en place des équipements  'vitrines'." De fait, on retrouve sur la période 2019/2020 l'effet "élections municipales" déjà observé entre 2013 et 2014, soit une année faste immédiatement suivie d'une baisse de la commande.

Mais 2020 a évidemment aussi été marquée par la crise sanitaire, qui a non seulement perturbé les marchés mais aussi les élections municipales, dont le second tour a été décalé de mars à fin juin. "Les mois de mars à juin sont traditionnellement très dynamiques, souligne Nadine Rollet. En 2020, tout a été gelé. Il a fallu que les conseils municipaux se mettent en place durant la période juillet-août. Et l'activité n'a repris qu'à partir de septembre."

Tendance de fond

Dernier volet de l'explication, lié aux aménagements économiques décidés par le gouvernement pour amortir les effets de la crise sanitaire : un nouveau relèvement des seuils de dispense de procédure des marchés publics. Autrement dit, une partie des commandes sont passées sous les radars des analyses des marchés publics en 2020. Ce qui ne disqualifie pas pour autant la tendance forte de l'enquête étant donné le prix moyen d'un équipement sportif, soit 223.000 euros, alors que le seuil de dispense d'appels d'offres pour les travaux était relevé à 70.000 euros.

Le phénomène de baisse sur l'année 2020 et ses explications très conjoncturelles ne doivent cependant pas cacher une tendance de fond. La diminution observée l'an passé était déjà présente en 2019. "On est conscient que nous sommes sur une baisse générale des budgets entamée il y a quelques années, pointe Nadine Rollet. Les collectivités ont de moins en moins de dotations de l'État. Il y a une course effrénée pour chercher des subventions. Et faute de budget, les investissements diminuent."

À la question budgétaire, il convient d'ajouter une explication structurelle. Pour Nadine Rollet, "le marché des équipements sportifs et de loisirs en France est relativement mature." Pour elle, il faudra dorénavant se poser avec plus d'acuité la question du renouvellement et de la rénovation.

Choix politiques

Dans le détail, l'enquête de l’Union sport & cycle nous apprend d'abord que le nombre de marchés varient très largement selon les départements. Le Nord se distingue nettement avec un total de 3.532 marchés d'équipements sportifs et de loisirs sur la période 2014-2020, quand le deuxième du classement, les Bouches-du-Rhône, en compte 2.469 sur la même période.

L'analyse de l'évolution des marchés par type d'équipements permet de dresser un portait des priorités mais aussi des limites des élus. Sur la période 2014-2020, le marché des aires de fitness en volume a connu un bond en avant de 257%. Mais c'est le marché du padel, qui partait de zéro, qui a véritablement explosé : +5.300% en valeur sur les six dernières années.

À l'inverse, les centres aquatiques et piscines ont chuté de 20% en volume sur la période 2014-2020. Les complexes sportifs (gymnases, terrains de sport scolaire, salles de sports), qui représentent 42% de la valeur totale des marchés, connaissaient une chute de même proportion. "Les équipements tournés vers l'extérieur connaissent une baisse plus modérée, et une progression en valeur, analyse Nadine Rollet. On se rend compte au regard de la crise sanitaire qu'il y a un intérêt tout particulier à inciter à des pratiques en accès libre à l'extérieur. Les équipements qui répondent à ces besoins ont le vent en poupe."

Autre tendance sur fond de choix politiques : la baisse de 52% en valeur des marchés de skate-parks. Pour Nadine Rollet, "aujourd'hui, on cherche à mettre en place des équipements pour tous les publics, masculin et féminin, jeune ou moins jeune. Or si vous allez sur un skate-park, vous trouverez surtout des garçons."

Une note d'espoir pour les professionnels des équipements sportifs et de loisir : après les élections de 2014, le secteur avait, année après année, connu un rebond jusqu'en 2018.

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