L'observatoire régional de santé (ORS) d'Ile-de-France publie une étude originale, intitulée "Etat fonctionnel des personnes âgées vivant à domicile en Ile-de-France - Prévalences et inégalités face à la perte d'autonomie". Ses résultats sont très largement valables pour l'ensemble des régions. Son principal intérêt est de démontrer que la dépendance ne frappe pas "au hasard", mais que son incidence est, au contraire, fortement corrélée à des déterminants sociodémographiques.
L'enjeu est important, puisque 62,4% des Franciliens de 60 ans et plus déclarent être atteints de maladie chronique et nécessitent potentiellement des soins. Ils sont aussi 38,8% à déclarer des limitations fonctionnelles sévères (difficultés importantes pour voir, entendre, marcher, se baisser, se souvenir...). Près de 20% des Franciliens sont ainsi confrontés à des restrictions sévères pour réaliser seuls les activités du quotidien (se laver, se nourrir, faire ses courses, sortir de son logement...), même si ces difficultés concernent en premier lieu des tâches exceptionnelles (comme le bricolage ou le lavage de vitres).
Au-delà de ces données générales, il apparaît que les individus ne sont pas égaux face au risque de dépendance. Ainsi, l'étude de l'ORS montre qu'"en Ile-de-France, les femmes présentent, avant 75 ans, un état fonctionnel plus dégradé que celui des hommes". A âge équivalent, elles déclarent trois fois plus de limitations motrices sévères que les hommes. Elles ont également entre deux et trois fois plus de risques de développer une restriction sévère d'activité, à âge et état fonctionnel équivalents à celui des hommes. Selon l'ORS, ces écarts pourraient s'expliquer par le fait que les hommes ont une plus forte propension à recourir à une aide technique, alors que les femmes feraient davantage appel à une aide humaine.
Ces inégalités par genre se doublent d'inégalités selon les catégories socioprofessionnelles. Ainsi, en Ile-de-France, les ouvriers et employés après 60 ans sont quatre fois plus exposés aux limitations motrices sévères que les cadres et les professions intermédiaires. Ils sont même dix fois plus nombreux à combiner trois limitations sévères. L'étude en conclut qu'"il existe un cumul des inégalités sociales dans la population masculine face aux différents stades du processus de perte d'autonomie en Ile-de-France à partir de 60 ans", tout en relevant qu'"on observe les mêmes conclusions dans les autres régions". En revanche - ce qui peut surprendre -, il n'existerait aucune différence sur le critère socioprofessionnel chez les femmes franciliennes, lors que "les inégalités sociales sont fortes parmi les femmes des autres régions".
Dernier point : l'étude s'interroge néanmoins sur d'éventuelles spécificités franciliennes en matière de perte d'autonomie. Il en ressort que les Franciliens sont moins exposés que les provinciaux aux problèmes fonctionnels complexes et dégradés, qui sont aussi les plus générateurs d'incapacités. Ceci pourrait s'expliquer par la proportion plus élevée de cadres, moins touchés par la dépendance. En revanche, les Franciliens connaissent les mêmes restrictions d'activité que les provinciaux du même âge et présentent le même risque de développer une restriction sévère d'activité, à âge et situation fonctionnelle équivalents.
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